L’éducation à l’environnement se préoccupe de la relation entre l’homme et l’environnement. Elle met l’accent sur la volonté d’agir de l’être humain et sur sa capacité à traiter les ressources naturelles avec respect, malgré les conflits d’intérêts entre l’individu et la société, entre le local et le mondial et entre les intérêts économiques et écologiques. En ce sens, l’éducation à l’environnement doit rendre possible les perceptions et les expériences personnelles et favoriser les compétences en matière de la gestion de situations contradictoires. L’élément central de l’éducation à l’environnement est un apprentissage par l’expérience global, contextualisé et authentique.

Les expériences dans et avec la nature constituent une base importante. L’acquisition de connaissances et de stratégies d’action fait partie de l’éducation à l’environnement, tout comme la capacité et la volonté de participer activement à l’aménagement de son propre espace de vie.

L’éducation à l’environnement représente à la fois le processus et l’aboutissement d’un développement conscient et inconscient de compétences qui permettent à l’être humain de gérer les exigences de la vie sur un plan à la fois personnel et collectif tout en assumant une coresponsabilité pour l’environnement naturel, social et culturel (crée par l’homme). L’éducation à l’environnement met l’accent sur la préservation des bases naturelles de la vie. Elle contribue de manière essentielle à une éducation en vue du développement durable.

Dans les années 1970, la protection de la nature et de l’environnement passent dans l’opinion publique. C’est principalement la « crise écologique » marquée par une accentuation visible de la pollution, une pénurie des ressources et une explosion démographique dans de nombreux pays du monde qui est à l’origine de cette prise de conscience. L’éducation à l’environnement fut d’abord l’oeuvre d’organisations non gouvernementales privées engagées pour la nature et l’environnement. En 1977 se tient à Tbilissi la Conférence de l’UNESCO sur l’éducation à l’environnement. En Suisse apparaît alors dans l’enseignement une éducation à la protection de l’environnement inspirée de l’écologie et basée sur des méthodes de biologie de terrain. La transmission de connaissances et l’étude des interactions en sont les objectifs principaux dans une perspective de changement des comportements individuels. Dans les années 1980, c’est la pédagogie de projet qui gagne du terrain et sert de cadre à l’expérimentation et à l’apprentissage actif dans  et par la nature. Le développement d’une conscience écologique et d’un comportement responsable de l’individu face à son environnement sont alors au coeur des préoccupations de l’éducation à l’environnement.

L’office fédéral de l’environnement ( l’OFEV (1) ) s’engagent aux côtés des ONG. La Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique ( CDIP ) reconnaît pour la première fois en 1988 que l’éducation à l’environnement est un objectif de formation important (2). La mort des forêts, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl ou encore l’incendie de la firme pharmaceutique Sandoz à Schweizerhalle ( tous deux en 1986 ) ont grandement contribué à un large soutien de l’opinion publique pour l’éducation à l’environnement.

Suite à la Conférence des Nations Unies de Rio en 1992, l’apprentissage en vue d’une société durable est également devenu le leitmotiv de l’éducation à l’environnement, pous sant celle–ci vers un lent, mais néanmoins certain, changement de paradigme :

• Passage d’une pensée sectorielle à une pensée systémique, d’une entrée classique par les sciences naturelles à une ouverture aux aspects socio–écologiques (3). Développement d’une éducation à l’environnement qui intègre la complexité, les interactions et l’interdisciplinarité.
• Passage d’une éducation à l’environnement centrée sur les problèmes et les déficits écologiques à une éducation à l’environnement orientée sur la gestion des ressources naturelles.
• Passage d’une éducation à l’environnement essentiellement axée sur le changement de comportement à l’échelle individuelle, vers une éducation à l’environnement axée sur la résolution de situations–problèmes par la société.
• Passage de la transmission de connaissances au développement de compétences (4).

Suite à la conférence des Nations Unies sur le Développement Durable en 2002 à Johannesburg, qui a mis l’aspect éducatif sur le devant de la scène, l’ONU inaugure la « Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable 2005–2014 (5) ». La Suisse s’est alors engagée à intégrer l’éducation en vue du développement durable à tous les niveaux de formation et l’éducation à l’environ- nement est reconnue en tant que contribution essentielle pour l’éducation en vue du développement durable (6).

Sources

1. Nommé alors OFEFP Office Fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage.
2. Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique ( CDIP ) ( 1988 ) : Déclaration concernant l’éducation à l’environnement dans les écoles.
3. L’ « éducation à l’environnement socio–écologique » aborde des thèmes qui intègrent à la fois l’environnement et la construction de l’avenir du point de vue du vécu de l’apprenant. Elle s’oriente vers des questions actuelles et analyse de manière critique des situations du quotidien afin d’en dégager des solutions et des alternatives ( cf. Kyburz–Graber, R., Halder, U., Hügli, A., Ritter, M. ( 2001 ). Umweltbildung im 20. Jahrhundert : Anfänge, Gegen wartsprobleme, Perspektiven. Münster/New York/München/Berlin : Waxmann. ).
4. Cf. Nagel, U. ( 2008 ). L’évolution de l’EE dans le contexte social in educationenvironnement.ch, 2008/02. et CDIP ( 2002 ) : Avenir Education Environnement Suisse. Berne : CDIP. pp. 14–20
5. UNESCO Education Sector ( 2005 ). International implementation scheme. United Nations Decade of Education for Sustainable Development ( 2005–2014 ). http://www.are.admin.ch/themen/nachhaltig/03541/index.html?lang=fr ( page consultée le 16.11.2011 ).
6. La Conférence suisse de coordination EDD ( CC EDD ) veut parvenir à intégrer l’EDD à l’école obligatoire par l’entremise du plan de mesures EDD ( cf. www.cdip.ch ). L’éducation au développement durable a de surcroît été ancrée dans la loi sur la formation professionnelle et dans la loi sur les hautes écoles spécialisées. Le renforcement de l’EDD formelle et informelle est également considéré comme un élément important de la stratégie pour le dévelop- pement durable du Conseil fédéral, quand bien même il n’existe pas encore de stratégie nationale en la matière ( cf. Conseil fédéral ( 2008 ) Stratégie pour le développement durable : lignes directrices et plan d’action. 2008–2011, p. 33 ss http://www.are.admin.ch/themen/nachhaltig/00262/00528/index.html?lang=fr ( pages consultées le 15.02.2012 ).